Comparer un magasin de producteurs avec la grande distribution ?

Magasin de producteurs en Charente La Belle Fermiere

Magasin de producteurs et grande distribution, comparons ce qui est comparable …

Depuis quelques jours, nous avons sur notre page Facebook des commentaires concernant «nos prix » avec des comparaisons de prix avec la marque filiale française du discounteur allemand citée  à plusieurs reprises.
Si dans les commentaires  des internautes cette enseigne propose des prix bas tant mieux ! et si c’est avec des accords producteurs avantageux pour eux c’est encore mieux !

Mais c’est quoi la définition d’un producteur chez cette marque/enseigne ?
Si effectivement ils ont parmi leurs  producteurs (et coopératives) des exploitations qui sont capables de fournir plusieurs tonnes de marchandises par semaine, et bien pourquoi-pas ?

Nous n’avons pas cette prétention, et les producteurs du magasin, qu’ils soient associés ou apporteurs sont clairement identifiés. Voir même si vous êtes un, une, habitué(e) vous les avez déjà rencontré, dans les rayons, à la découpe, à la caisse, et même vous ont-ils donné des conseils.

Alors-oui, peut être les commentaires mentionnent des prix plus élevés que chez cette « marque », faille-t-il aussi en apporter la preuve, mais ce n’est pas le débat, aucun commentaire (comme les trains qui arrivent à l’heure) ne mentionne des prix inférieurs et pourtant il y en a.
Viendrait-il à ces personnes l’idée de comparer un commerce de détail et une grande enseigne de la distribution ? …

Nous ne sommes pas un distributeur

Nous ne sommes pas moins cher que la grande distribution sur certains produits et pas plus non plus sur d’autres, nous n’avons pas de centrale d’achat, pas de plateforme logistique, nous ne faisons pas transporter nos marchandises par des transporteurs qui pratiquent des envois groupés, etc … et peut-être effectivement alors faudrait-il comparer ce qui est comparable …

Avez-vous remarqué, que depuis deux-trois ans, chaque groupe de grande distribution, se vente de passer des contrats « locaux » avec une attention toute particulière pour soutenir le « producteur ». Légitiment l’on peut se poser la question en tant que consommateur de comment ils faisaient avant ?
Hors, et hormis des articles élogieux produits par ces mêmes groupes, les choses sont différentes, et ne sont pas cette glorieuse pensée marketing … Car soyons clair sur le sujet, d’où vient cet éveil soudain à mettre en avant ces producteurs qui depuis plus de 50 ans se font laminés par la grande distribution ?
S’il existe effectivement depuis quelques années des rayons « producteurs locaux », quel est le % des ventes de ces rayons par rapport à la grande partie des produits issus de l’industrie agro-alimentaire ?

Voir l’article : « Les consommateurs sont de plus en plus friands des produits locaux. Une situation qui s’est amplifiée avec la crise sanitaire de l’année 2020. Face à cette demande qui progresse, les distributeurs mènent des stratégies pour gagner des parts de marché face aux marchés et aux circuits courts. » - Source : https://www.lsa-conso.fr/les-distributeurs-se-lancent-a-l-assaut-des-produits-locaux-et-regionaux-etude,369678

Un magasin de producteurs en Charente depuis plus de dix ans

A notre modeste mesure, depuis plus de dix ans,  nous avons monté ce magasin, sans militantisme, sans idée conceptuelle, sans attendre la vague marketing du « consommons local » des grands distributeurs,  mais dans l’intérêt des producteurs et des clients à trouver des produits locaux et œuvrer dans les circuits courts, afin de favoriser une économie vertueuse.
Magasin, tout d’abord créé sous la forme d’une association de producteurs, puis passé en société pour des raisons de gestion, magasin créé par des producteurs dits « associés » et rejoint par des producteurs dits «  apporteurs » pour étoffer l’offre aux consommateurs. Aujourd’hui se sont plus de 70 producteurs qui vous proposent plus de 2500 références produits toute l’année.

Le magasin de Ruelle est loin d’être un cas isolé, aujourd’hui, dans cet univers des magasins collectifs ce sont 350 à 400 magasins à l'échelle de la France, plus de 60 en région aquitaine.

Les prix, et la rémunération, une gestion collective par les producteurs

Si certes le monde n’est pas parfait le concept de magasin de producteurs est avant tout basé sur un principe de contrat gagnant-gagnant, un mandat, entre le magasin qui a une vocation de « vendre » et le producteur qui « dépose » ses produits mis à la vente.

Une commission est fixée pour la gestion (commission qui est la même pour chaque producteur) couvrant les frais de vente (les salaires des salariés du magasin, la location du locale de vente, les coûts de transformation, par exemple sur la boucherie, les coûts fixes et variables inhérents au magasin etc …). Une fois cette commission retirée,  l’intégralité du montant de la vente est reversée aux producteurs.
Le contrat de mandant, laisse toute possibilité aux producteurs de pratiquer leurs ventes sur d’autres circuits (vente à la ferme, marchés de producteurs, autres magasins de producteurs … et autres circuits de distribution … ). Les producteurs associés participent à la vie du magasin de façon quotidienne, aussi bien dans la gestion, les prises de décisions collectives que sur le terrain en effectuant des permanences.

Nous vous invitons à aller faire un tour du côté de « nos focus producteurs » pour les découvrir.

Des prix justes qui s’équilibrent naturellement

Vous l’aurez compris, c’est le producteur qui fixe ses prix, ils sont variables et non négociés par le magasin comme ils le seraient par les centrales d’achat de la grande distribution ou ceux qui pratiquent de l’achat revente. Comprenez bien que ces prix sont toujours au final en adéquation avec le « marché », une régulation naturelle entre l’offre et la demande, la qualité et la quantité disponible. Il n’y aurait aucun intérêt pour un producteur de se dessaisir de marchandises (qui plus est dans le monde de l’alimentaire où il y a des dates de péremption) pour les mettre en « dépôt vente » et vendues par notre magasin largement au-dessus des prix du marché. Encore une fois, il ne s’agit pas de dénigrer la grande distribution, mais d’éclaircir les choses, chaque circuit pouvant être attaqué ou défendu.

C’est quoi les promos des producteurs dans notre magasin ?

Il faut bien distinguer ce terme devenu abusif, il ne s’agit pas de casser les prix pour faire venir du monde en créant des prix d’appels pour se récupérer sur d’autres produits, de rogner les marges des producteurs, de presser certains producteurs, ou bien d’écouler des surstocks ( puisque nous n’avons pas de stocks)  …
Quand nous parlons de « promos », il faut voir plusieurs choses :
- Une mise avant de produits nouveaux qui méritent par un petit appel à les découvrir plutôt que des dépenses marketing qui seraient de toute façon refacturées au client final.
- Une offre « interne » par rapport  à un comparatif interne d’un historique

Et des fois, une incitation positive à faire bénéficier nos clients, d’un conditionnement ou d’une transformation moins couteuse que celle présentée au détail, c’est le cas des ventes dites en colis ou « foires » qui ont un caractère saisonnier.

Notre implication locale en Charente

Si la grande majorité  des résultats des ventes se font avec des entreprises charentaises, producteurs et artisans locaux, nous nous ne limitons pas dans nos échanges à ces relations magasin/producteurs.

Nous favorisons aussi parmi nos fournisseurs de prestations de services (climatisation, informatiques, sécurité, hygiène etc … )  des entreprises situées en Charente.
Toujours dans cette idée de proximité « économique » et ce cercle vertueux du « consommons local », nous avons souscrit à ce « courant » participatif qui nous est cher avec par exemple la monnaie locale charentaise « La Bulle » en proposant entre autre à nos clients le paiement de leurs achats en « Bulle » numérique, et sous la forme d’espèces locales. Nous nous sommes aussi inscrits dans cette initiative en tant que « comptoir » de change.
D’autres initiatives naîtront prochainement, notamment tournées vers les entreprises et les CSE où nous mettrons les productions locales et le circuit court en exergue.

Pour conclure sur ces commentaires

Encore une fois, nous ne sommes pas parfaits, et sans démagogie, les réseaux sociaux peuvent être des lieux d’échanges si peu que les réflexions qui sont publiées soient fondées, soient sources de réflexion, et non des défouloirs inutiles, avec une perte de compréhension, où aucune sources d’amélioration n’est proposée … il y a en cette période assez de sujets qui amènent la polémique, la distanciation, la désinformation et l’infertilité du débat.